Avec l’épidémie de COVID en 2020, la pratique du télétravail a explosé au sein des entreprises françaises. Si cette forme de travail profite d’une bonne image auprès des salariés, elle représente cependant certains risques pour leur santé physique et mentale que l’employeur ne doit pas négliger.
Comme pour tous les risques professionnels liés à l’activité, l’entreprise doit donc agir pour préserver la santé des travailleurs en situation de télétravail.
Quand le télétravail révèle des dégradations de conditions de travail
Le télétravail, qui concernait environ 7% des salariés en 2017, concerne désormais environ ¼ des salariés, tout secteur confondu (privé et fonction publique). Qu’il soit régulier, occasionnel ou exceptionnel, le télétravail est désormais une forme d’organisation du travail répandue aussi bien chez les cadres que les employés classiques. Or, une enquête de la DARES établie entre 2017 et 2021, a révélé que 14% des salariés concernés par le télétravail avaient vu leurs conditions de travail se dégrader.
Pourquoi le télétravail dégrade-t-il les conditions de travail ?
Les critères les plus souvent pointés par les salariés en télétravail sont :
- l’augmentation du temps de travail
- la diminution de l’aide des collègues et supérieurs
- l’apparition de troubles du sommeil
- des manifestations de douleurs physiques
La dégradation concerne donc les missions elles-mêmes et leurs conditions de réalisation, mais aussi la santé physique et psychologique des télétravailleurs.
Les facteurs de risques sur les télétravailleurs
Les personnes travaillant à distance (depuis leur domicile ou depuis un lieu tiers comme un espace de coworking) sont exposées à des facteurs de risques plus facilement évitables dans les locaux de l’entreprise.
On retient ainsi les facteurs de risques liés :
- à l’aménagement du poste de travail,
- aux postures sédentaires,
- à la fatigue visuelle due à l’augmentation du temps devant écran,
- aux risques psychosociaux.
Les conséquences de ces risques sur la santé
En effet, de chez soi, il est plus difficile de s’équiper d’un fauteuil et d’un bureau ergonomique, d’un grand écran d’ordinateur, ou encore d’une souris déportée. Les télétravailleurs voient ainsi apparaître des douleurs de type cervicalgie, lombalgie, tendinite…
De même, la diminution évidente des déplacements à pied quotidiens (au sein des locaux, mais aussi sur les trajets domicile/travail) favorise l’apparition de risques d’AVC, troubles musculosquelettiques, troubles métaboliques, cancers, etc.
Travailler chez soi réduit les temps de pause, et augmente ainsi le temps passé devant un écran. Selon l’âge, les défauts visuels et l’ergonomie du poste de travail, le télétravail produit l’apparition d’une fatigue visuelle importante (éblouissements, maux de tête, myopie temporaire, etc.).
Enfin, les risques psychosociaux identifiés chez les personnes en télétravail sont de l’ordre du stress, de l’épuisement professionnel (burn-out) ou pire, de la dépression. Être isolé de ses collègues, devoir gérer des situations complexes sans aide, perdre le côté convivial du travail sur place, ou ne plus pouvoir séparer clairement la sphère personnelle et professionnelle : tout ceci conduit à l’apparition de troubles psychiques, voire de comportements addictifs dommageables pour la santé.
Comment préserver la santé des télétravailleurs ?
Sous la responsabilité de l’employeur, le télétravail doit être un point de vigilance particulier dans le cadre de la prévention des risques professionnels et faire l’objet d’une formation santé et prévention des risques pour les salariés et leurs responsables. Ainsi, son déroulement, son cadre et ses effets doivent faire l’objet d’une évaluation régulière de la part de l’entreprise, qui doit prendre des mesures effectives face aux risques qu’elle identifie.
Des règles explicites
Les modalités du télétravail sont établies clairement et explicitées à tous les salariés concernés. Ainsi, l’accord du télétravail à un salarié doit se faire une fois qu’on a attesté de sa capacité à effectuer ses missions à distance, de manière autonome. Pour cela, il doit avoir les compétences pour manipuler les outils de communication nécessaires, connaître suffisamment son rôle au sein de l’entreprise, et avoir un travail compatible avec son absence des locaux.
De même, l’employeur doit prendre un soin particulier à respecter et faire respecter le droit à la déconnexion, en veillant à planifier les réunions ou formations sur les horaires de travail habituels. Enfin, la charge de travail ne doit pas être excessive, pour permettre au salarié en télétravail de prendre des pauses réelles.
La formation des équipes
La prévention passe par la formation des managers et des salariés : manager à distance demande des compétences spécifiques, afin d’accorder sa confiance tout en pouvant contrôler la réalisation des tâches, malgré la distance.
De plus, l’usage des outils numériques doit être à la portée de chacun, qu’il s’agisse de la simple messagerie instantanée dédiée au travail, d’un logiciel en particulier, ou d’un outil de visioconférence.
Enfin, une formation sur l’organisation d’une journée de travail, séparée par des pauses, s’avère souvent nécessaire : à la fois pour donner à tous les méthodes pour s’organiser dans son travail, mais aussi pour lever le risque de culpabilité qui peut pousser certains salariés à “trop en faire”.
Trouver le juste milieu entre le soutien et l’encadrement
Mettre en place un protocole de communication régulière facilite le soutien des équipes en télétravail. Avec ces temps d’échanges prévus et aménagé, les télétravailleurs peuvent faire part de leur difficulté et recevoir l’aide qu’ils auraient eu s’ils étaient sur place. Cependant, l’employeur a la responsabilité de veiller à ce que le contact ne se transforme pas en contrôle total ou en encadrement excessif, pour ne pas créer de stress inutile et reconnaître les compétences de chacun, en toute confiance.
S’impliquer dans l’aménagement du poste de travail à domicile
L’entreprise ne peut pas laisser au salarié la charge de l’organisation de son poste de travail. Elle doit lui fournir les moyens d’effectuer son travail dans les meilleures conditions. Cela passe par l’équipement (mobilier, ordinateur), et la transmission d’informations concernant la création d’un espace de travail dédié (calme, isolé) et ergonomique (postures bénéfiques et à éviter).